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“Qu’enfin on parle en bien d’Haïti”, le sélectionneur des Grenadiers fixe les objectifs pour la Coupe du monde 2026nomadictrails

“Qu’enfin on parle en bien d’Haïti”, le sélectionneur des Grenadiers fixe les objectifs pour la Coupe du monde 2026nomadictrails

Haïti s’est qualifié pour la deuxième phase finale de son histoire grâce à un succès sur le Nicaragua (2-0) mardi. Une véritable événement pour l’île des Caraïbes, vainqueur de sa poule dans la zone Concacaf, dans un pays meurtri par les catastrophes naturelles et la violence. Les Grenadiers, menés par le Français Sébastien Migné, rejoignent leurs aînés du Mondial 74.

Comment avez-vous fait naître dans la tête de vos joueurs la possibilité d’une qualification?

La genèse de cette réussite arrive lors de notre intronisation. Nous avons pu fédérer un staff autour de ce projet. C’est un staff compétent, fiable, capable de s’adapter dans un pays comme Haïti. Lors du premier rassemblement on a tracé une feuille de route aux joueurs avec en ligne de mire la Coupe du monde. A chaque rassemblement, c’était une étape différente et on ‘endoctrinait’ les joueurs avec cette ligne du temps et cette Coupe du monde. Même si je pense qu’on a dû les saouler, ils se sont pris au jeu. L’objectif était visuellement très clair. Le groupe s’est fédéré autour de ce projet et ça s’est terminé en apothéose.

Comment fait-on pour passer outre les difficultés concomitantes à Haïti et à se qualifier en jouant tous ses matches à l’extérieur?

C’est de la résilience. C’est un peuple qui en a, qui est habitué à lutter, qui est habitué à être contrarié. Ça nous a peut-être aidé parce qu’on a eu pas mal de turpitudes depuis un an et demi. On a su faire le dos rond. Il y a trois semaines, après la défaite contre le Honduras (3-0) c’était très compliqué. Grâce à cette ligne du temps avec la Coupe du monde en filigrane, l’idée était de rester possiblement qualifiable jusqu’à cette dernière étape. C’est peut-être ce qui nous a sauvés. Les garçons sont restés accrochés et ils ont été formidables.

Comment était la préparation du match décisif face au Nicaragua (2-0)?

On avait pris une leçon au Honduras. On s’est vautré lamentablement alors qu’on pouvait faire un break dans la poule. On a essayé de tenir compte de ça. On a aussi essayé de ne pas penser à ce qu’il pourrait se passer à l’issue du match mais plutôt sur quel chemin prendre pour bien contourner le Nicaragua. Les buts viennent sur deux failles bien identifiées chez eux. Mes garçons ont du caractère et ont su répondre présent. Il ne fallait pas faire trop de place à l’émotion car j’ai un groupe encore jeune. On a besoin de quelques sélections supplémentaires.

Comment était l’émotion lors de l’officialisation de la qualification au moment du nul entre le Costa Rica et le Honduras (0-0)?

Difficile. Les semaines qui ont précédé ont été difficiles pour moi et mon staff car on a été un peu chahuté localement. Ca fait partie du métier. On avait fait le travail mais il fallait aussi attendre le résultat du Honduras qui a joué 9 minutes de temps additionnel en supériorité numérique. On souhaitait ne pas avoir de mauvaise nouvelle. Quand un de nos garçons annonce que c’est fini, on a tous un bug de quelques secondes et ça part dans tous les sens. Il y a de la satisfaction car j’ai embringué un staff en leur disant qu’il y avait une ouverture pour aller à la Coupe du monde. Je pense que j’étais presque le seul à y croire. J’ai la satisfaction de ne pas leur avoir menti sur ce coup-là.

Quel est votre regard de Français sur ce que représente une qualification pour une Coupe du monde pour Haïti?

Souvent le football dans ces pays représente le patrimoine national. Les meilleurs ambassadeurs d’Haïti vont être mes joueurs lors de la prochaine Coupe du monde. Il faudra qu’on soit à la hauteur, qu’on montre une belle image, qu’enfin on parle en bien d’Haïti. On espère que durant un laps de temps on a rendu un peu de joie. On sait que c’est fragile dans ces pays. Ca peut aller dans tous les sens. On va essayer de rester raisonnable et humble. C’est notre marque de fabrique. Si on doit montrer une belle image lors de la Coupe du monde c’est parce qu’on a montré cette qualité.

Avez-vous une envie pour le tirage au sort?

Je n’ai pas d’appréhension particulière. Lors du tirage de la Coupe du monde précédente j’étais avec le Cameroun et je disais à Rigobert Song que j’aimerais bien tomber sur le Brésil. Il me disait ‘tu es fou’. On a eu la chance de battre les numéros 1 mondiaux du moment (1-0). Tirer des champions du monde en titre ça me plairait bien. Il faudrait qu’on en soit digne. Ca serait une formidable vitrine pour Haïti quoi qu’il arrive.

Aucune festivité n’est prévue?

Vu les problématiques politiques on rentre chacun tous de notre côté. Pour ma part, il est prévu avec mes adjoints de venir certainement à Cap Haïtien, avant le rassemblement du mois de mars, de faire une détection des joueurs du championnat local. Ca peut redonner un peu d’espoir à cette jeunesse haïtienne. Et si j’arrivais à trouver une ou deux pépites pour renforcer notre équipe pour la Coupe du monde pourquoi pas. Il faudra évidemment qu’il y ait de la compétence. Il est probable qu’on organise ce voyage l’année prochaine.

Propos recueillis par Morgan Maury

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